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ACTUALITES / Addictologie

Une journée au CSAPA de Maubeuge

Le CSAPA Etapes, à Maubeuge, est un établissement de soin du pôle Addictologie de l’Association. Un lieu dédié aux personnes en situation d’addictions, accueillies et accompagnées par une équipe pluridisciplinaire. Rencontre.

Pour entrer dans le bâtiment, il faut sonner, la porte est fermée. C’est volontaire, « cela permet de marquer la séparation entre l’extérieur et l’intérieur » explique Fabienne Ansseau, éducatrice spécialisée. Une fois la porte franchie, place à l’accueil, une dimension fondamentale de ce lieu.

Aujourd’hui, du fait des conditions sanitaires, il se fait sur rendez-vous afin de ne pas avoir trop de monde en même temps. Mais l’équipe s’adapte, comme elle s’est adaptée lors des confinements précédents. « L’accueil, qui vient quand, pourquoi, comment on travaille les relations, nous cela nous le définissons lors d’une réunion hebdomadaire. Chacun a ses missions mais recevoir la personne en est une, et importante, cela permet d’instaurer, d’installer une relation ». C’est pour cette raison que quelqu’un est toujours disponible pour ouvrir la porte.

« Le CSAPA est un lieu d’accueil inconditionnel. Nous permettons à toutes personnes de se poser et de le faire dans un lieu qui permet l’anonymat et qui garantit la confidentialité. Et c’est entièrement gratuit, ce qui permet de lever les freins d’entrée ». Laurent Michel est le chef de service d’Etapes. Il en explique la philosophie :  « Ici, nous ne jugeons pas, la démarche est non-directive. Notre travail n’est pas forcément de faire décrocher, il est d’accompagner la personne dans sa prise de conscience que la dépendance a un impact sur lui et son entourage. La dépendance est une privation de la liberté de choix de la personne. A partir du moment où la difficulté est identifiée, le soin débute ».

« La dépendance est une privation de la liberté de choix de la personne. »

Au fil de la matinée, des personnes rentrent et montent à l’étage. « Ils viennent pour la distribution de méthadone », précise Perrine Merveau, infirmière du CSAPA. La méthadone est un produit de substitution à l’héroïne. Elle est délivrée sur prescription et par une infirmière du Centre Hospitalier de Maubeuge, qui travaille en partenariat avec le CSAPA. « C’est un produit qui permet de réduire les risques de consommation et aussi de trafic. Et ça permet la construction du lien ». Le mot revient souvent dans les conversations avec les professionnels de l’équipe. Il a du sens car « la toxicomanie, c’est la maladie du lien » pour Laurent Michel.

D’autres viennent pour échanger avec les professionnels, selon le rôle propre de chacun. « Moi, je m’occupe des entretiens sanitaires, cela permet de parler de différentes situations. Je peux faire quelques pansements aussi, j’ai de quoi pratiquer un ECG pour la première prise de méthadone. Et puis j’ai en charge tout le volet Réduction des Risques ». La Réduction des Risques est une dimension forte de l’Addictologie. C’est une démarche qui consiste à fournir du matériel (seringues, aiguilles, coton) propre afin de limiter les risques de contamination. Cette approche oblige parfois au dépassement de fonction ! « Je m’occupe aussi de totems de distribution de kits, il y en a un à Louvroil et un autre à Maubeuge. Ca implique de faire parfois de la mécanique ce qui fait que maintenant, j’ai une trousse à outil dans la voiture ! »

« Je suis éducatrice ici, en quoi je peux vous aider ? »

Le rôle des éducateurs est lui aussi de créer du lien, d’installer une relation pour engager un parcours de soin. « Je suis éducatrice ici, en quoi je peux vous aider ? », c’est ainsi que Fabienne Ansseau ouvre l’échange. Elle s’assure que la personne puisse prendre le temps. « C’est dur de venir ici, ça peut prendre du temps avant de dire les choses. Moi j’essaie d’amener la personne à penser par elle-même, à réfléchir aux conséquences, à ce qui est possible de faire. Ce sont souvent des consommateurs de drogue, et ça a des effets comportementaux, neurologiques. Ca nous oblige nous à penser aussi différemment. On est obligé d’avoir un autre regard que celui que peut avoir le grand public. »

Cette réflexion se construit en équipe. Tous les 15 jours, un psychanalyste extérieur à la structure intervient auprès des professionnels, une réunion de supervision qui oblige à se dire les choses, à afficher des désaccords si besoin. Et à se délester de certaines de ces émotions aussi, tout n’est pas toujours facile à entendre.

Entendre, accompagner la réflexion, c’est le travail de la psychologue Catherine Mortier. Son bureau est à l’étage, les patients ont la possibilité de la rencontrer si ils le souhaitent. « L’addiction, cela n’arrive pas par hasard, elle a une fonction. On essaye de découvrir laquelle. Donc je cherche à mettre des mots sur un vécu. Parce c’est forcément un couvercle pour d’autres problèmes. Sinon, il n’y aurait pas d’addiction. Dans ce bureau, on est dans une discussion emphatique, sans jugement. » Son but est avant tout que la personne puisse trouver un équilibre « et parfois, cela nécessite le maintien de la consommation. Parfois, on va vers un arrête. Cela dépend des parcours, de la personne. Chaque rencontre est unique, on ne sait jamais où on va aller. »

Les professionnels du CSAPA ne travaillent pas que sur place. Ils participent à des Consultations Jeunes Consommateurs (CJC) afin d’échanger avec des jeunes en situations d’addictions. Ces consultations ont lieu dans une Maison des Ados, des Centre Sociaux ou des Foyers Jeunes Travailleurs. Une permanence addictologie se tient également au Centre Pénitentiaire de Maubeuge. C’est donc un travail qui se déploie sur tout un territoire, afin d’accompagner le plus de personnes possibles vers le soin.

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