Le confinement n’a pas empêché l’esprit de solidarité et de convivialité dans les Maisons Relais de La Sauvegarde du Nord : décoration des portes et arbre de Noël, les hôtes ont tenté de redonner quelques couleurs à cette période de Noël confinée et un peu morose.
Noël : une période compliquée pour les personnes en situation de fragilité et de précarité
Dans l’esprit collectif, Noël est une fête. Repas de famille, décorations, cadeaux : tout contribue à en faire un moment privilégié dans l’année. Cette réalité, pourtant, n’est pas partagée par l’ensemble des personnes accompagnées au sein de La Sauvegarde du Nord. Pour les plus fragiles d’entre elles, Noël peut aussi être une période délicate qui fait remonter des souvenirs douloureux et souligne des situations d’isolement, des ruptures familiales. Bref, les fêtes de fin d’année peuvent être vécues comme un moment de solitude.
Qu’il soit attendu avec impatience ou avec appréhension, Noël demeure un moment chargé symboliquement et l’occasion de créer du lien et de la solidarité. C’est dans cette perspective que les hôtes des Maisons Relais de La Sauvegarde du Nord mènent une réflexion collective depuis plusieurs années sur cette période compliquée et mettent tout en œuvre pour que cette période puisse être collectivement un moment agréable.
Dans chacune des quatre Maisons Relais (Roubaix, Lille, Lambersart, Roost-Warendin), hôtes et résidents ont collaboré pour tenter de rendre ce moment plus facile à vivre. Exemple avec Le Phoenix, la Maison relais de Roubaix.
Essayer d’apporter un peu de gaité à la période de Noël
Cette année, COVID-19 oblige, pas de repas de Noël collectif comme les années précédentes. Pas non plus de possibilité de se réunir et de partager un grand moment de convivialité. Qu’à cela ne tienne. Au Phoenix, la Maison Relais de Roubaix, comme dans les autres Maisons Relais de La Sauvegarde du Nord, les hôtes ont fait leur possible pour contourner la contrainte. Décoration des portes, sapin et goûter de Noël dans le respect des contraintes sanitaires : autant d’initiatives pour tenter de réinvestir ce moment de manière positive.
Une hôte la Maison Relais de Roubaix, témoigne : « Noël, on sait que ça peut être quelque chose de très difficile pour les résidents à cause de leur solitude, leur isolement, le fait de ne pas avoir de contact avec leur famille, leurs enfants. Mais en même temps, c’est assez paradoxal : même quand certains résidents ne veulent pas le faire, ils sont souvent contents d’avoir ces décorations. Quand ils voient le résultat, ils sont ravis. C’est important d’apporter un peu de gaité. Même si ce n’est pas grand-chose, on essaye de construire quelque chose de positif tous ensemble, quelque chose de l’ordre du plaisir. C’est d’autant plus important en cette période de crise sanitaire qui rajoute du mal être et qui augmente les situations d’isolement. »
Rencontre peu avant la période de fêtes avec Monsieur B., résident de la Maison Relais de Roubaix, qui nous parle de son parcours de vie et de l’initiative de la Maison Relais : « Quand j’étais petit, on fêtait Noël avec ma maman et mon père. Ma sœur faisait un sapin et les guirlandes, c’est moi qui les posais. Les cadeaux, j’aimais bien. Cette année, je vais voir ma mère le 24. Il y aura mes sœurs et mes frères. Mais le 25, je serai chez moi. Je connais personne ici sauf une personne : on se verra peut-être le 25 pour pas être tout seul… J’ai pas de sapin chez moi. J’étais content qu’on me propose de mettre des décorations, c’est mieux que rien. J’ai choisi la guirlande avec les étoiles et la cloche. »
Noël : un levier pour les missions des hôtes de Maison Relais
Les hôtes des Maisons Relais nous expliquent : « Pour nous, c’est important de marquer Noël pour plusieurs raisons. D’abord parce que ça ramène les résidents dans une temporalité, un rythme de vie qui est partagé par une majorité de la société. » Marquer cet évènement, c’est donc permettre aux publics accompagnés de s’inscrire ou se réinscrire dans un calendrier commun.
Mais Noël est aussi un moment riche d’un point de vue purement social. Il s’agit d’un moment de rencontre et de partage dont les résidents peuvent faire ou refaire l’expérience : « Noël, c’est quand même et vraiment un moment très particulier. Quand on faisait les repas collectifs, les résidents cuisinaient puis partageaient un repas amélioré. C’est tout de même fondamental de pouvoir leur rappeler qu’eux aussi y ont droit. Et puis, chacun faisait un cadeau de moins de 5 euros à quelqu’un d’autre. Ça paraît anodin mais l’achat d’un cadeau est un acte très symbolique : on construit du partage, on pense à l’autre, on prend conscience qu’il existe. Acheter un cadeau, c’est porter une attention à quelqu’un d’autre que soi mais c’est aussi faire le choix du cadeau, faire valoir ses goûts dans ce choix. Plein de choses sont en jeu. »
Cette année, malheureusement, les repas de Noël ont dû être annulés. Pour en garder l’esprit, les hôtes ont organisé un goûter le jeudi 17 décembre dont les modalités respectaient les contraintes sanitaires en vigueur : portes et fenêtres ouvertes, possibilité de se déplacer dans la cour en extérieur, pas de partage de nourriture mais des brioches individuelles et des brochettes de chamallow grillés à la plancha. Et pour accompagner le tout, des petits paquets cadeaux réalisés par les professionnels de la Maison Relais : « Chaque personne a eu droit à un paquet avec bougies et chocolat. On leur a demandé de l’ouvrir le 25 : comme ça, même s’ils étaient seuls, ils avaient un petit quelque chose, une attention. »