Aux premiers jours d’un processus qui va durer longtemps, un point sur le déconfinement et la place de La Sauvegarde du Nord dans le monde d’après, avec Frédéric Rouvière, Directeur général de l’Association.
Depuis le 11 mai, le confinement n’a plus lieu d’être et le déconfinement s’organise. Comment est-ce que cela se passe au sein de l’Association ?
Le confinement est fini, c’est un fait. Pendant tout le temps qu’il a duré, nous avons su fonctionner en mode dégradé, nous avons su garantir notre mission. Mais bien entendu, nous ne sommes pas revenus à la situation d’avant. Le déconfinement, je l’ai dit, est un processus qui sera long.
Petit à petit, nous allons apprendre, tous, à mieux connaitre notre nouvel environnement. Et nous allons essayer de retrouver une activité qui sera la plus proche possible de celle qui était la nôtre.
Aujourd’hui, l’accueil physique recommence, par endroits, partiellement. Il faut être prudents et nous appuyer sur l’expertise de professionnels, sur l’analyse pluridisciplinaire, pour voir, au cas pas cas, quelles situations nécessitent un face à face ou quel accompagnement peut se poursuivre à distance. Je pense aux CMPP, au CAMSP, aux lieux de repli dans les Itep, entre autres.
Si le confinement était général, le déconfinement sera lui une suite de cas particuliers, service par service, établissement par établissement. Le mot-clef reste l’adaptation, nécessaire pour coller le plus possible aux besoins.
Je ne peux pas fixer un calendrier, ni nous projeter dans la durée. Nous marchons au rythme de cette pandémie, avec le souci de poursuivre notre mission et en ayant en permanence à l’esprit la santé de chacun. Nous avons fait une évaluation des risques professionnels et nous allons la réactualiser à chaque fois que ce sera nécessaire.
Désormais, nous sommes dans les premiers jours du « monde d’après ». Qu’est ce que cette notion vous évoque ?
Le « Monde d’Après », c’est une image qui parle, qui convient à tous. Ce qui est certain, c’est que nous avons vécu, que nous vivons encore, une période dramatique et historique. Et cela a forcément un impact sur la conception sociétale de La Sauvegarde du Nord, sur la vision de notre environnement. Par exemple, nous avons vu beaucoup de solidarité, entre professionnels mais aussi entre associations. Nous avons démontré notre capacité, sur un territoire, à construire une vision globale et une réponse collective.
La Sauvegarde du Nord a bien sûr des choses à dire, et ce à 2 niveaux :
Les usagers d’abord, car ils nous ont beaucoup appris. Longtemps, nous avons construit notre accompagnement avec le sentiment que notre réponse était, de fait, la bonne. Que des familles étaient défaillantes par exemple. Certaines le sont bien sûr mais, dans ce contexte si particulier, certaines d’entre elles se sont retrouvées être des ressources utiles à notre missions. Nous avons constaté encore beaucoup d’entraide, et cela doit nous enseigner pour la suite. Certains usagers ont (re)trouvé une relative autonomie, et notre mission est de la faire perdurer.
Les professionnels ensuite, qui ont montré une capacité à s’adapter, à construire de nouvelles pratiques. Nous allons réfléchir à comment on conçoit notre accompagnement, notre façon de travailler. Le travail à distance, que nous avions déjà mis en place, à montré sa souplesse. Avec lui, c’est une occasion d’associer nos préoccupations environnementales et le bien-être des salariés. Par exemple imaginer commencer sa journée chez soi, avec des taches administratives, et venir au travail plus tard, en dehors des heures de bouchon.
Mais avant de décréter telle ou telle chose, avant de dire quoi que ce soit, il va nous falloir écouter. C’est un travail que nous allons commencer avec le Conseil d’Administration dès le 2 juin prochain. Nous allons définir comment réfléchir ensemble, comment nous allons rassembler les expériences des uns et des autres. Nous allons construire un corpus de témoignages et de réflexions pour guider notre développement. Ce monde d’après, nous allons le construire en commun.
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