Depuis un mois, La Sauvegarde du Nord a dû adapter ses pratiques pour continuer ses accompagnements, en ayant pour priorité la santé des professionnels comme des usagers, point de situation avec Frédéric Rouvière, Directeur général de La Sauvegarde du Nord
Après un peu plus de 4 semaines de confinement, quel premier bilan tirez-vous de la situation ?
Le bilan, c’est de constater que La Sauvegarde du Nord est au rendez-vous de sa mission. D’abord, nous continuons nos accompagnements, le lien et le contact avec nos publics n’ont pas été rompus. Les professionnels et l’ensemble de l’Association ont su adapter leurs pratiques et construire une nouvelle relation en fonction de ce contexte inédit. Ensuite, nous continuons à inventer, innover et à développer de nouvelles approches en fonction de besoins émergents. Je pense aux nouveaux lieux d’hébergement à Hellemmes et Valenciennes, à la téléconsultation de médecine générale via un bus pour les populations Roms, à la réflexion en cours sur une mission de diagnostic social pour les personnes hébergées en hôtel. Et tous ces projets, ils se font en partenariat avec d’autres associations, avec nos partenaires et La Sauvegarde du Nord tient toute sa place dans ce travail transversal.
Quels sont vos motifs de satisfaction ? D’inquiétude ?
La satisfaction, c’est d’abord de constater la réactivité, l’adaptabilité des professionnels de l’Association. Partout où nous avons eu besoin de leurs compétences, ils ont répondu présent. Dans cette épidémie, malgré un fonctionnement dégradé, La Sauvegarde du Nord a gardé sa raison d’être, aux côtés des plus vulnérables.
Mon inquiétude, elle, est liée au manque de visibilité sur la durée. On ne sait pas vraiment combien tout cela va encore durer et actuellement, malgré tous nos efforts, cette situation n’est confortable pour personne, usagers comme professionnels.
On sent bien que l’expertise ne se déploie pas de la même façon quand le face à face n’existe plus. Nous arrivons à éviter l’isolement mais l’évaluation des violences par exemple, qu’elles soient physiques ou psychologiques, est plus difficile à mener : je pense plus particulièrement aux enfants suivis par la Protection de l’Enfance. Les modalités que nous avons construites, dans l’urgence, sont fonctionnelles sur un temps court. Mais il n’y a rien de mieux pour notre travail que le contact avec le public. La question de savoir quand et comment nous allons le revoir suscite de l’inquiétude.
Depuis le discours du Président de la République, la date du 11 mai apparaît comme la fin du confinement. Qu’en pensez-vous et quelles sont les perspectives pour l’Association ?
Je prends tout cela avec beaucoup, beaucoup de prudence. Le 11 mai ne sera pas une grande journée du déconfinement, à La Sauvegarde du Nord comme ailleurs. Nous ne savons pas quelle sera la situation épidémique au 11 mai. Tout bouge, tout le temps, très vite et il y a énormément de facteurs à prendre en compte. Beaucoup de ces facteurs ne dépendent pas de nous, comme la réouverture des écoles par exemple. Il faudra donc continuer à faire preuve d’adaptabilité, pendant quelques semaines. Le 11 mai ne sera que le début de la fin du confinement.
Quant aux perspectives, il nous faudra y réfléchir tous ensemble. Après le COVID-19, il nous faudra en tirer tous les enseignements, c’est un temps qui sera nécessaire et important. Parce que, tous les spécialistes nous le disent, cette épidémie ne sera sans doute que la première. Il faudra donc réfléchir à l’adaptabilité de notre offre d’accompagnement, à construire des méthodes pour être plus réactifs, plus rapides en cas de besoin. Ce travail, il devra être mené en commun, à tous les niveaux de l’Association, pour continuer à faire évoluer la « pensée Sauvegarde ».
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