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ACTUALITES / Addictologie

Construire du commun au service du soin

« J’ai bien dormi, je suis en forme »
« Moi ça ne va pas trop ce matin, mais j’espère que ça va aller mieux tout à l’heure »
« Je ne dors pas bien en ce moment, j’ai des envies de consommer, je ne sais pas comment gérer la situation »

Ce lundi matin, comme tous les matins à la Communauté Thérapeutique, la journée début par « Le Morning ». Une réunion où les résidents ont la parole pour parler de leur humeur, de problèmes de vie collective, de leurs projets. Certains parlent franchement, d’autres avec plus d’hésitations mais le professionnel en charge de l’animation de la réunion s’attache à ce que tout le monde puisse dire un mot.

La parole des résidents est au coeur du projet de la Communauté Thérapeutique. Située au Cateau-Cambrésis, la Communauté est un lieu d’hébergement pour personnes qui ont un passé et des problématiques d’addictions. Mais plus qu’un lieu, c’est une méthode, celle de la « pair-aidance ».

Intégrer la Communauté Thérapeutique est un acte volontaire de la part d’hommes et de femmes qui en ressentent le besoin. Dès l’entrée, le nouveau résident est accueilli par des résidents plus anciens. La parcours au sein du dispositif est jalonné d’étapes, chacune d’entre elles offrant toujours plus de responsabilités, vers l’autonomie. « Le but, c’est penser à la sortie. Dehors, il faudra tout recommencer, sans professionnels, sans produits. Ici, l’objectif de chacun est un objectif individuel. Il est de retrouver un équilibrer, d’être abstinent et de diminuer le traitement. Et pour ça, le groupe ça marche » explique Eric, chef de service.

Les résidents de la communauté sont pleinement acteurs, via les nombreuses instances qui rythment la vie : le Morning, l’Assemblée communautaire du lundi soir, qui permet de valider des passages d’étapes, de parler des sorties, des projets. Il existe également un « Groupe Agir » qui permet de régler des conflits, constitué de professionnels et de résidents.

Après le temps d’échange du morning, chaque résident se prépare à partir en ateliers, suivant le planning défini à l’avance. Travail sur les espaces verts, préparation du repas, rénovation d’un bâtiment, tout se fait sous la supervision d’un professionnel mais surtout avec les conseils des plus anciens. La régulation du groupe par lui-même est un moyen de construire des parcours vers l’autonomie, en reprenant un rythme et de la confiance en soi. Le site lui-même se modifie au gré des projets imaginés par ceux qui y vivent, avec un barbecue, un potager en permaculture ou encore une salle de sport aménagée. Ils sont proposés lors de la réunion du jeudi soir, uniquement entre résidents, « mais supervisée par les « consolidés » et les « staff » pour cadrer un peu la discussion » explique Jimmy en utilisant les termes utilisés pour définir les différentes étapes du parcours. « Bon, quand on est entre nous, des fois c’est un peu plus bâclé mais on y apprend la solidarité. C’est sportif à des moments mais on rigole aussi. »

« La méthode mise en place ici existe un peu partout dans le monde » précise Stéphane Lozé, directeur. « Depuis 2016, en France, cela permet de diversifier l’offre de soin. Les professionnels permettent de maintenir et relancer la dynamique, ils garantissent la méthode. Ce cadre permet aux résidents de conscientiser leur souffrance, leurs difficultés. On travaille ici dans une volonté de franchise, d’authenticité dans les relations. Et ça, ça s’apprend, ça se construit, ça se déconstruit aussi. Il y a un équilibre entre le formel et l’informel qui fait que tous les temps sont des temps thérapeutiques. Et puis ce qui est très importants, c’est l’ouverture vers l’extérieur aussi. Au départ, le portail était fermé mais aujourd’hui, ce n’est plus le cas. Des liens se sont tissés, nous participons à la vie de la commune. Le regard des habitants, l’inclusion dans la vie de la cité, c’est aussi une aide dans le processus de reconstruction. »

Malgré les adaptations rendues nécessaires par la pandémie, la vie continue à la Communauté Thérapeutique. En 2020, 7 résidents ont trouvé un logement stable, deux d’entre eux ayant même obtenu une qualification et un emploi.

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