4 grands témoins… Marie Villez
Il faut tout d’abord préciser que depuis les années 60, la consommation d’alcool pure en France n’a cessé de diminuer. Pour autant, nous nous focalisons aujourd’hui sur les jeunes pour qui la culture de l’excès se développe en permanence. En ce sens, on voit apparaître aujourd’hui des addictions du type hyper-alcoolisation (binge drinking et neknomination), vectorisées en quelque sorte par internet et les réseaux sociaux, et qui interpellent fortement.
Nous ne pouvons aborder les questions de consommation d’alcool chez les jeunes sans interroger nos propres conduites de consommation. Les traditions culturelles sont bien ancrées dans notre histoire et avec elles les compétitions de consommation d’alcool ininterrompues : beuveries, rites de passage, d’intégration… La société qui est le théâtre de ces pratiques est pourtant celle que nous avons construite. Il nous faut aujourd’hui sans cesse aller plus vite, aller plus haut, être plus forts, plus performants. La consommation d’alcool apparaît ici comme un besoin pour atteindre ces objectifs.
Pour lutter contre l’hyper-alcoolisation, il nous faut remettre en cause le contexte de performance sociale, de plaisir immédiat, de consommation effrénée. Il est par ailleurs absolument nécessaire que les réglementations d’accès aux boissons par les mineurs soient respectées. Il faut poser des obstacles (non des interdits), des règles, entre l’alcool et les jeunes. Il est nécessaire par ailleurs de « détricoter » les messages faussement alléchants que les industriels tentent de faire passer auprès des jeunes via des campagnes de marketing offensives. Enfin, les réponses aux addictions ne peuvent pas être uniquement que des réponses médicales, juridiques et techniques ; elles doivent être avant tout humaines, sociales et politiques.
Marie Villez est déléguée régionale de la Fédération addiction et directrice générale du Cèdre bleu.