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ACTUALITES / Addictologie

Être acteur de son parcours

À la Communauté Thérapeutique du Cateau-Cambrésis, les résidents sont citoyens, avec des droits et des devoirs !
Les personnes accueillies sont des adultes présentant des problématiques addictives. Avec elles, les professionnels misent sur le collectif comme levier thérapeutique. Leur pari : replacer le résident au cœur et en charge de son propre projet d’accompagnement et de soin.
Pair-aidance, solidarité, dynamique collective, inscription dans la vie locale et de la cité : tel est le défi quotidien des professionnels et résidents de la Communauté Thérapeutique !

Témoignage : Bernard, 55 ans – résident à La Communauté Thérapeutique

Cela fait 13 mois que je suis à la Communauté Thérapeutique et 24 mois que je suis abstinent.

À la Communauté, le travail principal c’est de mettre tout un tas de choses en œuvre pour ne plus retomber dans nos addictions. On rencontre des professionnels pour reconstruire notre projet professionnel ou de bénévolat.

Ici, nous sommes tous sur un même pied d’égalité et nous avons tous des responsabilités. L’organisation des loisirs, la répartition dans les ateliers, la gestion des conflits, les permissions de sortie : nous prenons toutes ces décisions en collectivité, avec le soutien de l’équipe accompagnante. C’est à nous d’être force de proposition. Ce qui prime à la Communauté Thérapeutique, ce n’est pas le « JE » mais le « ON ». Au début, ce n’est pas facile de s’y faire, de s’intégrer dans le groupe, de faire confiance à l’autre, mais on apprend avec le temps.

Moi, j’en suis au stade de « Consolidé », donc j’ai beaucoup d’autonomie mais aussi plus de responsabilités pour l’organisation du groupe, sa cohésion et la logistique de la vie quotidienne.

En tant qu’ancien, je me sens aussi un rôle de transmission auprès des nouveaux résidents : je partage, je conseille, je soutiens.

Ce qui a changé pour moi depuis que j’ai intégré la Communauté, c’est que je vois maintenant le monde en positif, j’ai repris beaucoup de choses en main dans ma vie comme la gestion de mon budget. Je me sens aussi plus capable, j’ai plus confiance en moi. Ça m’a permis de retrouver l’envie de me projeter, d’entreprendre des projets et de transmettre des choses. Après la Communauté Thérapeutique, j’aimerais faire du bénévolat.

Témoignage Myriam Dumez – Psychologue

La Communauté Thérapeutique, c’est le lieu de la parole. On se parle beaucoup, tout le temps. Mais en plus, on a aussi mis en place des groupes de parole. L’objectif est d’y atteindre une parole authentique, sans masque social.
En se parlant sans filtre, on leur apprend à mieux se connaitre, à assumer ses défauts, réaliser quels sont ses droits et ses valeurs ! C’est dur pour beaucoup d’entre eux de se sentir citoyen à part entière. On participe à leur faire prendre conscience qu’ils ont le droit d’avoir des droits. Et qu’ils peuvent dire non !

Souvent, le produit les a placés en situation de retrait, de domination. Il faut qu’ils puissent s’affirmer. Et même s’aimer ! Il y a une alliance thérapeutique avec les résidents, on construit les règles ensemble.

Témoignage : Juliana Da Silva Coehlo, Éducatrice spécialisée

Tous les professionnels de la Communauté Thérapeutique ont un objectif en ligne de mire : faire en sorte que les résidents soient bien dans leur vie, qu’ils gèrent leurs angoisses, leurs dépendances et qu’ils retrouvent une place à part entière au sein de la société civile une fois sortis de la Communauté.
On les accompagne donc pour les aider à tisser et reconstruire un réseau familial, social, thérapeutique et parfois professionnel : l’objectif est de préparer les étayages dont les résidents auront besoin à l’extérieur pour mener la vie qu’ils ont choisie.

Notre conviction c’est que pour que les résidents redeviennent des citoyens au sens plein du terme, il leur faut être acteurs de la Communauté mais aussi acteurs de leur propre parcours de réinsertion et de soin. Par conséquent, tout notre accompagnement consiste à les encourager à faire eux-mêmes, trouver leurs propres solutions mais aussi celles dont le collectif a besoin pour exister et fonctionner de manière pérenne.
Ici, les résidents sont CITOYENS : ils sont acteurs du groupe pour, à terme, être acteurs de leur vie mais aussi de la société.

Au début, en tant que pro, c’est déstabilisant de voir la place qu’occupent les résidents au sein de la CT et les responsabilités qui leur incombent. D’une certaine manière, ça questionne notre propre place et notre légitimité. Mais on en a fait un principe d’action : on apprend à exister en soutien et à être garant du cadre.

C’est vrai, par contre, que le passage de la Communauté Thérapeutique à la société civile peut parfois être compliqué : ici, ils ont une place, un statut, des responsabilités, une certaine importance, ne serait-ce qu’en tant que pair et encadrant. Souvent, quand ils retournent dans la vie banale, ils perdent ce statut et, pour un certain nombre d’entre eux, trouver un travail ne sera peut-être pas possible.

Ils doivent donc travailler à reconstruire cette place d’une manière ou d’une autre (en s’engageant dans une action bénévole, en réinvestissant un logement, en retrouvant une place dans la famille…).

Témoignage : Kévin, 33 ans – résident à La Communauté thérapeutique

Ici, notre socle commun, c’est l’addiction, on partage tous cette expérience. C’est pour ça qu’entre nous, on peut pas tricher, ça se verrait tout de suite. Et puis « faire l’anguille », c’est le monde d’avant, ça marche plus ici. On doit tous réapprendre les fondamentaux, d’abord l’affirmation de soi. On était beaucoup à s’effacer derrière le produit, maintenant, il faut devenir acteur de nos vies.

Parfois, c’est dur la vie en communauté, toujours entre hommes. Ici, la bienveillance est importante. On a nos qualités et nos défauts, on est tous différents mais justement, nos discussions nous enrichissent. Moi je me reconstruis dans le regard des autres grâce au groupe.

Pour moi, c’est une chance ! Je suis motivé, intéressé, c’est beaucoup plus qu’une simple cure. Ici, on travaille sur l’instant mais on se projette aussi. Moi, je m’épanouis dans la course à pied. Je cours beaucoup et j’essaie de créer un club ici au Cateau-Cambrésis. C’est pas facile mais c’est super d’avoir des buts !

 

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